Le bisphénol A dans les aliments présente des risques pour la santé
L’ exposition alimentaire Pour les besoins de l'évaluation des risques, mesure de la quantité d'une substance consommée par une personne ou un animal dans son alimentation, qui a été délibérément ajoutée ou qui est involontairement présente dans les aliments (p. ex. un nutriment, un additif ou un pesticide) au bisphénol A (BPA) constitue un problème sanitaire pour les consommateurs de tous les groupes d’âge, ont conclu les experts de l’EFSA dans leur nouvelle réévaluation.
Après une évaluation approfondie des nouvelles preuves scientifiques disponibles et une consultation publique, les experts de l’EFSA ont identifié des effets potentiellement nocifs pour le système immunitaire.
La Commission européenne et les autorités nationales discuteront des mesures réglementaires appropriées pour donner suite à l’avis de l’EFSA.
Le BPA est une substance chimique principalement utilisée en association avec d’autres substances pour la fabrication de certains plastiques et résines.
Le BPA entre par exemple dans la composition du polycarbonate, un type de plastique transparent et rigide utilisé pour fabriquer des distributeurs d'eau, des récipients de stockage alimentaire ou des bouteilles réutilisables. Il est également utilisé pour produire les résines époxy qui forment les revêtements internes des canettes, des boîtes de conserve ou encore des cuves alimentaires.
Les substances chimiques telles que le BPA utilisées dans des contenants alimentaires peuvent migrer en très petites quantités vers les aliments et les boissons qu'ils contiennent ; c'est pourquoi les scientifiques de l'EFSA réexaminent régulièrement leur sécurité en tenant compte des nouvelles données rendues disponibles.
Un vaste ensemble de données
Le Dr Claude Lambré, président du groupe scientifique de l'EFSA sur les matériaux en contact avec les aliments Tous matériaux, typiquement des emballages ou des ustensiles de cuisine, conçus pour entrer en contact avec les aliments, les enzymes et les auxiliaires technologiques, a déclaré : « Nos scientifiques se sont penchés sur la sécurité du BPA dans les moindres détails au fil des ans, depuis notre première évaluation complète des risques liés à cette substance en 2006 ».
« Pour cette réévaluation, nous avons analysé une énorme quantité de publications scientifiques, dont plus de 800 nouvelles études publiées depuis janvier 2013. Cela nous a permis de lever d'importantes incertitudes quant à la toxicité Capacité d'une substance de nuire à un organisme vivant du BPA ».
« Dans ces études, nous avons observé une augmentation du pourcentage d'un certain type de globules blancs – appelés T helper – dans la rate. Ils jouent un rôle clé dans nos mécanismes immunitaires cellulaires et une telle augmentation pourrait conduire au développement d'une inflammation pulmonaire allergique et de troubles auto-immuns », explique-t-il.
Le groupe scientifique a également pris en compte d'autres effets potentiellement nocifs sur les systèmes reproducteur, développemental et métabolique identifiés dans l'évaluation des risques.
Une approche systématique
Le Dr Henk Van Loveren, président du groupe de travail de l’EFSA chargé de la réévaluation du BPA, a déclaré : « Pour évaluer le grand nombre d'études publiées depuis 2013 – la date butoir de notre évaluation précédente de 2015 – nous avons appliqué une approche systématique et transparente. Nous avons élaboré en amont un protocole de sélection et d'évaluation de toutes les preuves avec la contribution des parties prenantes et des autorités compétentes des États membres ».
« Nos conclusions sont le résultat d'un processus d'évaluation intense qui a duré plusieurs années et que nous avons finalisé en nous appuyant également sur les informations recueillies lors d'une consultation publique de deux mois lancée en décembre 2021 », a-t-il ajouté.
Réduction du seuil d'apport
Par rapport à la précédente évaluation de 2015, le groupe d'experts de l'EFSA a considérablement abaissé la dose journalière tolérable Consommation journalière acceptable de substances présentes dans des aliments n’ayant pas été ajoutées délibérément à ces aliments (p. ex. des contaminants) ( DJT La dose journalière tolérable est la consommation journalière acceptable de substances présentes dans des aliments n’ayant pas été ajoutées délibérément aux aliments (p. ex. des contaminants)) pour le BPA, c'est-à-dire la quantité qui peut être ingérée quotidiennement tout au long de la vie sans présenter de risque appréciable pour la santé.
En 2015, les experts de l'EFSA avaient fixé une DJT temporaire en raison des incertitudes liées aux données disponibles à l’époque, en soulignant la nécessité de disposer de données supplémentaires sur les effets toxicologiques du BPA.
La présente réévaluation a permis de combler la plupart de ces lacunes et les incertitudes restantes ont été prises en compte lors de l’établissement de la DJT.
Les scientifiques de l'EFSA ont établi une DJT de 0,2 nanogramme (0,2 milliardième de gramme) par kilogramme de poids corporel par jour, remplaçant la limite temporaire précédente de 4 microgrammes (4 millionièmes de gramme) par kilogramme de poids corporel par jour.
La nouvelle DJT est donc environ 20.000 fois moins élevée que la précédente.
Exposition au BPA
En comparant la nouvelle DJT avec les estimations de l' exposition Concentration ou quantité d'une substance donnée absorbée par une personne, une population ou un écosystème à une fréquence spécifique, dans un intervalle de temps donné alimentaire au BPA, nos experts ont conclu que les consommateurs ayant une exposition moyenne et élevée au BPA dans tous les groupes d'âge dépassaient la nouvelle DJT, ce qui soulève des préoccupations pour la santé.
Bien que le groupe d'experts se soit basé sur les estimations d'exposition utilisées dans l’évaluation de 2015, les restrictions apportées par les législateurs de l'UE après 2015 sur certaines utilisations de la substance pourraient avoir réduit l'apport alimentaire. Cela signifie que notre scénario est prudent.
Plusieurs variables peuvent influencer le risque global pour la santé d'un individu, y compris d'autres facteurs de stress pour le corps humain ou encore la génétique ou la nutrition Science étudiant la manière dont l'alimentation répond aux besoins du corps pour sa subsistance.
Rapports conjoints
Parallèlement à la consultation sur le projet d' avis scientifique Les avis peuvent porter sur l’évaluation d’un risque lié à une question scientifique générale, l’évaluation d’une demande d'autorisation pour un produit, une substance ou une allégation, ou encore l’évaluation d’une analyse des risques, l'EFSA avait procédé en 2017 à une consultation publique sur le protocole d’évaluation qui décrivait la méthodologie proposée pour ces travaux.
Nos scientifiques ont également discuté de la méthodologie et des conclusions avec d'autres organismes scientifiques afin de clarifier et/ou de résoudre des différences qui se sont dégagées, telles que l'utilisation de « critères intermédiaires » notamment, qui sont des signaux précoces indiquant le développement potentiel d'effets nocifs pour la santé.
Dans ce contexte, nous avons publié des rapports conjoints synthétisant les discussions avec l'Agence européenne des médicaments (EMA) et l'Institut fédéral allemand pour l'évaluation des risques (BfR).
Les discussions de ce type avec nos partenaires et les parties prenantes contribuent au développement des méthodologies d'évaluation des risques utilisées pour nos évaluations de la sécurité, en intégrant les connaissances scientifiques les plus récentes et la compréhension des risques potentiels.
Prochaines étapes
Ce sont les décideurs de l'UE, à savoir la Commission européenne et les représentants des États membres, qui sont chargés de fixer les limites de quantité des substances chimiques susceptibles de migrer des emballages alimentaires vers les aliments.
L'avis scientifique de l'EFSA sur le BPA va permettre d’informer les discussions entre les législateurs de l'UE sur les mesures réglementaires appropriées à prendre pour protéger les consommateurs.
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